Il semble que le Me´decin de campagne de Balzac est un roman presque sans action, fait de pie`ces et de morceaux: il contient la monographie d`un village en voie de de´veloppement, un traite´ de politique et d`e´conomie, le re´cit nai¨f de la geste napole´oninne, la confession de l`amour malheureux, etc.. Mais toutes ces histoires convergent vers celle d`un homme qui consacre sa vie a` faire le bonheur de ses semblables. Benassis, he´ros de ce roman, e´prouve la souffrance de la dissonance du Moi-monde dans sa jeunesse a` Paris. Mais il ne se contente pas de souffrir et de de´noncer. Il de´cide de refaire une vie, une socie´te´, en s`apercevant que sa propre maladie et celle de ses semblables tiennet a` la maladie de l`organisation sociale. C`est pourquoi il se lance dans un village sous-de´veloppe´ et mise´rable. Son oeuvre de re´forme villageoise est tentative pour reconstruire un monde en accord avec lequel on puisse vivre. Il ne se fait pas le bienfaiteur d`un village par des dons, mais bien l`organisateur par les transformations qu`il apporte a` ses capacite´s de production. Mais pourtant il ne peut donner une victoire de´finitive a` son oeuvre. S`il ne peut, c`est qu`on ne saurait refaire la vie a` partir d`une volonte´ individuelle, alors que l`ensemble du monde continue selon ses lois propres. Pour cette raison, on pourrait se demander si l`oeuvre de Benassis tient compte pre´cise´ment des re´alite´s franc¿aises des anne´es 1820∼1830. Mais ce qui est plus important dans ce roman, c`est le fait me^me que Benassis s`affronte aux proble`mes sociaux sans les e´viter. La plupart des gens de son temps de´sespe`rent du re´el ou s`en e´vadent. Benassis, au contraire, tente de mettre un terme au schisme de l`action et du moi, de l`individuel et du collectif. Il sera un type tre`s significatif qui re´pond a` une des questions essentielles de l`homme: comment vivre dans le temps difficile?