Etudier le vers de Victor Hugo demande une vue historique de la poe´sie franc¿aise, en particulier du XVIIe sie`cle jusqu`a` son e´poque. Cela tient au fait que l`essentiel des re`gles de la versification avait e´te´ e´tabli au XVIIe sie`cle, et e´tait reste´ valable tout au long du XVIIe, et me^me a` l`e´poque de Hugo. Aussi devons-nous tenir compte du fait que la poe´sie hugolienne se caracte´rise surtout par rapport au mode`le classique. En 1843, Hugo pre´tend avoir innove´ l`alexandrin classique dans sa lettre adresse´e a` Wilhem Te´nint, d`apre`s laquelle son consiste en discordance entre unite´ syntaxique et unite´ me´trique. Mais, en re´alite´, il existait de´ja` a` l`e´poque classique de tels proce´de´s qui se diffe´renciaient sleon les genres litte´raires : on les employait avec une certaine mode´ration dans les grands genres, alors que, dans les genres moins stricts, on les employait avec un peu plus de liberte´. En 1854, Hugo pre´tend cette fois-ci avoir de´moli l`alexandrin classique dans son oeuvre poe´tique 『Les Contemplations』, notamment dans trois pie`ces du livre premier : 「Re´ponse a` un acte d`accusation」, 「Suite」 et 「Quelques mots a` un autre」. Cependant, la pratique de Hugo y manifeste un caracte`re double, a` la fois classique et novateur. En effet, il ne renonce jamais au vers re´gulier aussi radicalement qu`il a pre´tendu l`avoir fait. Aussi 『Les Contemplations』 ne montrent-elles pas de grandes variations du de´but jusqu`a` la fin dans la composition effective du recueil. Par ailleurs, il faut souligner l`e´volution de la technique de la discordance rythmique selon les e´poques-depuis le XVIIe sie`cle jusqu`a` l`e´poque de Hugo-puisque Hugo a e´largi la voie ouverte par La Fontaine au XVIIe sie`cle et ensuite par Che´nier au XVIIe sie`cle. Ce qui fait l`originalite´ de l`alexndrin hugolien, c`est la complexite´ rythmique, issue de nombreux proce´de´s de la discordance rythmique. Bref, son action visait a` e´tendre le domaine he´rite´ du classicisme et a` e´largir dans d`autres directions le champ qu`il s`e´tait donne´ a` lui-me^me.