Lorsque Reverdy publie, en 1955, Au Soleil du Plafond, il montre que la collaboration de la poe´sie et de la peinture envisage´e, de`s son entre´e en litte´rature, avec Juan Gris conserve dans son esprit une signification. Pour autant, lui-me＾me a toujours tenu dans ses essais a` distinguer les me´thodes propres de chaque art, et notamment a toujours refuse´ que soient re´duites l`une a` l`autre la peinture et la poe´sie, en particulier la sienne. Sans faire cependant de sa poe´sie une sorte de verbalisation du pictural, il convient d`interroger cette relation du verbe au tableau puisqu`aussi bien, et quoiqu`elle ait e´te´ moins effective a` partir du recueil Ferraille, il ne la renie pas, comme le prouve cette publication tardive. Et comme c`est dans des proses que se mate´rialise la contribution majeure de Reverdy a` une poe´sie e´crite en regard de tableaux, il nous a semble´ inte´ressant d`observer comment des proses de Reverdy, en particulier dans Plupart du Temps et Flaques de Verre, peuvent e＾tre parfois des essais pour la poe´sie de se faire miroir de la peinture. C`est que la prose, pre´cise´ment par sa faculte´ toute ge´ne´rique de se constituer monde clos, a` la diffe´rence de la versification libre choisie par Reverdy, peut e＾tre le moyen pour le texte de se picturaliser, pour ainsi dire, ou de faire penser que la vision qui la motive rele`ve d`un monde d`images ouvrage´es. De fait, en faisant de ses visions des tableaux, entiers ou non, et quelle que soit la re´alite´ de l`objet repre´sente´, qui est bien su＾r inde´finissable puisque de toute fac¿on imaginaire pour le lecteur, Reverdy exprime une fac¿on d`e＾tre et une vision du monde personnelle.