Chaque homme dans sa nuit prend pour son point de de´part un e´ve`nement autobiographique de l`auteur, celui qu`il a voulu e´viter a` tout prix, mais qui e´tait ne´cessaire pour qu`il continue ce roman. C`est parce que pour Green, il fallait partir du re´el de la vie ordinaire pour atteindre au re´el de l`imagination. Or cette transposition romanesque se re´alise sous le regard hallucinatoire de romancier. Dans cet univers imaginaire, le protagoniste Wilfred s`accroche lui aussi a` la re´alite´ concre`te et visible, en prenant le regard et le contact pour moyens dominants de connaissance de cette re´alite´, malgre´ sa foi profond en l`invisible. Cela lui e´tait possible par la se´paration spatiale et le de´doublement dans sa personalite´, ce qui divise sa vie en deux parties: le plaisir dominant et la foi souterraine, et par la domination du plaisir dans sa vie. A ces deux e´le´ments de sa vie, la mort s`ajoute avec sa visite chez l`oncle Horace mourrant. Par le me´canisme d`aimantation fonctionnant par la rencontre du regard et le contact d`avec les objets, se forment les trois univers aimante´s, mais se´pare´s, autour de ces trois e´le´ments, trois univers qui deviennent trois forces de´terminant le drame de Wilfred. Mais cette re´alite´ de Wilfred, contro＾le´e d`apre`s les principes de se´paration et forme´e par le me´canisme d`aimantation, commence a` e＾tre chavire´e et confuse´e avec l`irruption du paradoxe de ce me´canisme: deux aimants contraires s`attirent fortement. Si Wilfred se sent confuse´, c`est parce que la foi qui e´tait jusque la` souterraine et soumise a` la domination du plaisir, mais plus forte pour lui, commence a` prendre le dessus. Pour entrer dans cet univers du foi base´ non sur la se´paration et la perception par le regard et le contact, mais sur l`union et l`absence de cette perception, il faut a` Wilfred obstine´ a` la re´alite´ perceptible, une mort de conscience, sa mort. Green, pour qui le roman est une simple histoire raconte´e sans aucun rapport avec la recherche formelle ou rhe´torique, est parti de sa vie re´elle pour arriver au re´el imaginaire qui est le roman. Dans cet univers imaginaire, Wilfred qui est parti de la re´alite´ palpable et visible arrive a` une re´alite´ surnaturelle et invisible. La technique romanesque base´e sur la re´alite´ visible et son me´canisme d`aimantation devient une forte rhe´torique pour persuader les lecteurs du sens mystique du drame de Wilfred base´ sur la re´alite´ invisible, du paradoxe de ce me´canisme, celui de contre-aimantation, et par la` de la me´taphysique religieuse de l`auteur me＾me.