Les Noyers de l`Altenburg s`articulent sur une discontinuite´ du re´cit compose´ de plusieurs histoires inde´pendantes encha^sse´es les unes dans les autres, que de´veloppent les trois ge´ne´rations de la famille de Vincent Berger. Cette discontinuite´, rythme´e par deux mouvements, l`un ascendant et l`autre descendant, est e´troitement lie´e au sujet du roman, a` savoir a` la que^te de "l`homme fondamental". Elle incarne dans le mouvement ascendant une vision anti-he´ge´lienne de l`histoire et de l`homme. Dans le mouvement descendant, elle en mate´rialise une vision anti-spengle´rienne, une vision de me´tamorphose. L`homme fondamental que Vincent et son fits, le narrateur de´couvrent construisant cette vision contre Spengler s`immortalise dans un mythe d`origine re´actualise´ par un couple paysan et le paysage de ferme e´blouissant qu`il a cre´e´. A l`oppose´ du processus de l`effondrement de la vieille culture d`Occident, la cre´ation d`une nouvelle culture s`ouvre a` partir de la ge´ne´ration de ce couple qui, en tant que prototype de l`homme fondamental, se me´tamorphose dans deux autres ge´ne´rations qui lui succe`dent. Cet e^tre permanent, l`auteur l`identifie avec l`homme gothique dont il pense qu`il englobe l`homme mythologique de la Gre`ce antique. Il concc¿oit cette a^me gothique comme e^tre ide´al qui, libe´re´ du destin, re´alise pleinement sa volonte´ de s`e´panouir ici et maintenant dans la possibilie´ infinie de me´tamorphose. Malraux, face a` la crise d`Occident, trouve dans le roman l`a^me gothique comme fondement spirituel de reconstruction de l`Europe. En me^me temps, il termine, tout en conque´rant les deux cultures grecque et chre´tienne, son itine´raire romanesque d`interrogation, oriente´ vers le de´passement de la civilisation du sie`cle qu`il qualified`"agnostique".