Cette recherche a` pour but de de´gager et d`approfondir les the`mes moraux de l`aristocratie en perte de vitesse ainsi que les aspects romantiques qui dominent l`ensemble du roman Le Collier de la Reine (1848). Ce roman fait partie du cycle de Me´moires d`un me´decin comprenant au total les cinq romans historiques dont le premier est Joseph Balsamo. Comme nous l`avons constate´ dans notre pre´ce´dente recherche consacre´e a` l`e´tude morale sur Joseph Balsamo, le roman de Dumas pe`re se fait l`e´cho d`une e´thique de l`aristocratie franc¿aise mais en de´clin au XVIIIe sie`cle. L`oeuvre romanesque dumassienne Le Collier de la Reine repre´sente les personnages bien moins nobles que dans les premiers romans de Dumas comme Les Trois Mousquetaires. Cette tendance a` la de´gradation d`une morale aristocratique dans Le Collier de la reine refle`te largement l`ambiance de la haute socie´te´ franc¿aise dans la deuxie`me moitie´ du XVIIIe sie`cle. Aussi faut-il noter que les the`mes moraux aristocratiques s`y me^lent tre`s subtilement avec une sensibilite´ du rormantisme de qualite´ comme celui de Lamartine, Alfred de Vigny et Chateaubriand. Cette sensibilite´ romantique est d`autant plus forte que les he´ros romantiques dumassiens sont les he´ritiers de l`aristocratie fe´odale souffrant de l`ave`nement d`une socie´te´ nouvelle mais bourgeoise: leur manie`re de vivre et d`agir n`y a plus cours. C`est ainsi qu`une atmosphe`re triste et me^me fune`bre se re´pand a` travers les jeunes personnages (Philippe, Charny, Andre´e) mais `ne´ trop tard` dans leur socie´te´ dite moderne. Il n`empe^che que Cagliostro, personnage central a` caracte`re mythique dans Joseph Balsamo, se dote e´galement d`une tonalite´ tre`s fortement romantique, surtout lorsqu`il se souvient de la mort tragique de sa femme Lorenza. Bref, le roman Le collier de la reine emprunte´ a` une histoire re´elle 《affaire du collier》 s`inscrit dans un contexte d`une morale aristocratique et d`une sensibilite´ romantique de qualite´. Ne´anmoins les personnages principaux ne posse`dent plus la noblesse d`a^me et les the`mes he´roi¨ques tels que P. Corneille entendait les mettre en sce`ne dans ses oeuvres the´a^trales. Tre`s conscient de ce patrimoine morale du XVIIe sie`cle et a` la fois d`une nouvelle forme de sensibilite´, notre e´crivain romantique faisait preuve d`inge´niosite´ de cre´er les he´ros romanesques tout-a`-fait originaux qui ne savaient que prendre de l`envergure dans le de´veloppement du re´cit.