Le temps est l`ennemi de l`amour qui doit un jour disparai^tre. Mais il arrive parfois que l`amour triomphe du temps. Cela se produit dans l`extase qui l`abolit, pour un tre`s court instant : "Cette e´ternite´ de bonheur ne fut qu`un instant de ma vie."(p. 317) Les sensations se modifient diffe´remment selon la valorisation du temps. La valorisation des sensations par le temps est rendue sensible aux he´ros. Surtout le passe´ revient sans cesse a` la me´moire des he´ros pour modifier la qualite´ e´motionnelle du pre´sent. Se me^lant avec le pre´sent, le passe´ de´double la vision dans l`atmosphe`re poe´tique. Le passe´ et le pre´sent se fondent dans l`unite´ entre l`a^me et les objets che´ris. Saint-Preux, entrant dans la chambre de Julie malade de la petite ve´role(p. 333), e´voque le rendez-vous d`amour dont le me^me lieu fut le te´moin. Ainsi est rendu sensible l`e´coulement du temps. La` est la ve´ritable substance du sentiment du temps. Les he´ros reviennent profonde´ment dans le souvenir des anciens sentiments. C`est la pre´sence du passe´ dans le pre´sent qui leur donne le sentiment de la permanence de son moi.