Notre e´tude s`inte´resse a` l`e´criture de Nathalie Sarraute sous l`angle de l`iconoclasme. Nous prenons ce terme en tant que me´taphore de la fonction litte´raire. Sarraute proce`de a` la dissolution du personnage romanesque, au refus de l`identite´ de l`individu. Le caracte`re et l`identite´ du personnage apparaissent comme des simulacres qui de´figurent et de´naturent la re´alite´ infigurable de l`homme. La position de Sarraute rejoint de pre`s l`argument iconoclaste. A la diffe´rence de ceux qui rejettent la forme pour attaquer par la suite la substance. l`e´criture de Sarraute est constamment marque´e par l`effort cre´ateur qui s`attache a` un objectif heuristique : c`est la mise au jour d`une matie`re psychologique nouvelle qui motive sa recherche et qui est au centre de son travail. Dans le rejet de la forme, re´duisant le moi incommensurable a` l`une de ses facettes, nous trouvons un effort de re´affirmation de soi libre de tout pre´juge´ et d`assuijettissement. Adoptant une position radicale qui consiste a` rejeter l`existence me^me de l`e^tre qui se distingue des autres, et avanc¿ant la ressemblance de tous les e^tres, Sarraute fait voir ce qui survit de ce pracessus de destruction, ce qui est indestructible, parce qu`il est informe : dans le vide re´ve´le´ derrie`re une apparence ou un simulacre, Sarraute fait sentir un courant imperceptible qui le traverse ; la conscience subsiste sous forme d`un souffle de vie qui habite ce vide. Le soupc¿on fait exploser la forme fixe et les pre´juge´s, en me^me temps que le contour des mots, des expressions toutes faites, et la configuration du re´cit ; il ouvre un horizon nouveau a` la conscience du moi. Le moi sort de ses confins limite´s pour se placer dans une e´tendue sans fin ; il se retrouve au c ur d`une vision poe´tique et cosmique. En somme, la destruction de l`identite´ stable et unilate´ral n`est que l`autre face de la que^te d`une nouvelle conscience unitaire qui pourrait embrasser tous ses e´clats.