Pour Julien Green pour qui il est lui-me^me la matie`re et l`unique sujet de ses livres, la cre´ation litte´raire est une sorte de tentative de libe´ration d`une `geo^le` que forme le conflit entre la religion et le de´sir terrestre dans sa vie, d`une geo^le ou` il se trauve enferme´ a` la suite de la de´couverte de son amour impossible et de l`aveu manque´ de cet amour. Pour oublier ce conflit, pour sortir de lui-me^me, il plonge dans le monde imaginaire, dans ses re^ves qui sont ses livres ou` il extermine ses de´sirs en e´crivant. Parce que dans le roman, le romancier peut sortir de lui-me^me, devenir autres. Mais dans ses romans, il retrouve ses propres proble`mes grandis par une obscure ope´ration alchimique qui n`est pas autre chose que le me´canisme du re^ve. Pourtant par la cre´ation litte´raire, il obtient une certaine mesure de libe´ration, sa catharsis. Dans son roman Si j`e´tais vous, Green introduit le me´canisme me^me de la cre´ation romanesque en faisant de son personnage un romancier qui re^ve aussi de sortir de lui-me^me. Le re´sultat est pareil a` celui de l`auteur Green. Le personnage Fabien retrouve ses proble`mes sous les formes chaque fois plus accentue´es, d`abord dans son roman termine´ court a` cause de son incapacite´ et son ignorance des e^tres, et puis dans son re^ve qui n`est pas autre chose que son roman e´crit cette fois avec l`aide du de´mon. A la fin de cette aventure fantastique, Fabien s`aperc¿oit que l`a^me ne peut se sauver que dans le corps qui lui a e´te´ assigne´. Se re´ve`le la structure de ce roman, trois fois `mise´e en abyme` du me´canisme de la cre´ation romanesque. Mais cette structure peut avoir un autre sens que la re´pe´tition simple par `la the´orie de la spirale`. Apre`s chaque re´pe´tition, on arrive a` se connai^tre mieux, on se de´livre peu a` peu et on avance. Pour Fabien qui re^ve et qui fait le voyage a` travers des a^mes par le pacte avec le de´mon, et pour Green qui croit que le talent du romancier plonge ses racines dans le pe´che´, la cre´ation romanesque qui est `le re^ve du romancier` est impure et empoisonne´e. Mais les livres sont un long chemin qui nous me`ne de la souffrance au bonheur par un long voyage inte´rieur qui fait se connai^tre soi-me^me, et par la` qui fait accepter la condition humaine en une unite´ de l`a^me et du corps.