Dans l`e´tude du discours, la notion traditionnelle du rythme, qui identifie le rythme a` la me´trique, engendre plusieurs proble`mes : celui de "l`universalisation" qui efface la spe´cificite´ de la litte´rature et des diffe´rences entre les discours ; celui de "l`essentialisation" de certaines formes culturelles, comme nous avons fait pour l`alexandrin dans la poe´sie francaise ou le pentame`tre dans la poe´sie anglaise : celui de "la de´se´mantisation" du discours, car la me´trique travaille avec des unite´s de mesure non signifiantes. La poe´tique d`Henri Meschonnic repose sur une nouvelle notion du rythme, passant par une critique de la compre´hension me´trique du rythme. Un "rythme sans mesure" est une configuration du discours, identifie´e a` une vaste dynamique de la signification. Meschonnic fait intervenir le me`tre a` l`arrive´e pluto^t qu`au de´part : il ne pose pas la me´trique comme condition absolue du rythme, mais comme une de ses formes possibles. Il s`agit de la transformation de "la poe´sie de la me´trique" a` "la me´trique de la poe´sie". Sur ce point, une interpre´tation du vers he´te´rome´trique d`Yves Bonnefoy est sujette a` une discussion sur le rapport entre le vers et la poe´sie, le rapport entre le me`tre et le rythme. Le vers he´te´rome´trique est conside´re´ comme un des instruments les plus e´vidents de l`art poe´tique de Bonnefoy. nomme´ "la poe´sie de la mort". A cet regard, la particularite´ du vers du poe`te est souvent recherche´e dans la ne´gation des formes fixes, dans la violation sans cesse de la norme de la versification. Cependant, cette perspective se fonde sur la the´orie traditionnelle du rythme, qui recherche l`unite´ de mesure selon le mode`le nume´rique avec une confusion entre le rythme et le me`tre. La vraie particularite´ de l`e´criture de Bonnefoy n`est pas tenu par le conflit entre la forme classique et la forme de´chue, mais par le conflit entre des syste`mes organisateurs du discours, tels que me´trique, syntaxe et rythme. Dans 「Une autre voix」de Bonnefoy, la ce´sure alexandrinne n`est pas une forme pure, mais la "me´trique du discours". Elle est "une autre voix" qui oriente le vers vers le discours par l`enchai^nement prosodique et rythmique.