3.133.86.172
3.133.86.172
close menu
KCI 등재
번역과 해석학
Traduction et hermeneutique
이기언 ( Kie Un Lee )
불어불문학연구 78권 393-426(34pages)
UCI I410-ECN-0102-2012-370-000153377

Traduire, c`est une tache difficile a accomplir. Cette difficulte est souvent liee au probleme du langage. Or, le langage est par excellence l`objet hermeneutique. Et l`hermeneutique, art de comprendre ou theorie d`interpretation, entretient une relation plus ou moins etroite avec la traduction, d`autant plus que les deux disciplines ont pour objet commun le texte, c`est-a-dire "tout discours fixe par l`ecriture", pour reprendre la definition de Paul Ricoeur. Sur le plan hermeneutique, ce qui est a comprendre dans un texte, ce n`est pas l`intention de l`auteur, ce que l`auteur aurait voulu dire, mais celle du texte, ce que dit le texte lui-meme. Car la fixation par l`ecriture rend le texte autonome a l`egard de l`intention de l`auteur, dans la mesure ou "elle dissocie completement le sens de ce qui est dit de celui qui le dit", comme le souligne Hans-Georg Gadamer. Du coup, traduire un texte, ce n`est pas traduire l`intention de l`auteur, mais celle du texte. Mais pour traduire un texte, il faut d`abord le comprendre, en suivant le principe du cercle hermeneutique, selon lequel non seulement la comprehension du tout est conditionnee par celle du detail, mais encore inversement la comprehension du detail est determinee par la comprehension du tout. Et comprendre de la sorte, c`est interpreter, parce que l`on comprend un texte, en l`interpretant. "C`est pourquoi toute traduction est deja interpretation, dit Gadamer; on peut meme dire qu`elle est toujours l`accomplissement de l`interpretation que le traducteur a conferee a la parole qui lui a ete proposee." Il s`agit donc ici, on ne saurait trop repeter, "d`une interpretation et non d`une simple coincidence." Autrement dit, la traduction d`un texte n`est pas une "simple reviviscence du processus psychologique origiel de sa redaction", mais "une recreation(Nachbildung) du texte, guidee par la comprehension de ce qui est dit en lui." Or selon Gadamer, "seul le traducteur qui porte au langage la "chose" que le texte lui montre, c`est-a-dire qui trouve une langue qui ne soit pas seulement la sienne, mais encore la langue appropriee a l`original, saura veritablement recreer(nachbilden). Ainsi la situation du traducteur est au fond la meme que celle de l`interprete." C`est dans ce sens-la que recreer, c`est "s`approprier ce qui est dit au point d`en faire son bien propre." Sur ce sujet, Ricoeur dit egalement: "Interpreter, avons-nous dit, c`est nous approprier hic et nunc l`intention du texte", en ajoutant que "surtout l`appropriation a pour vis-a-vis ce que Gadamer appelle "la chose du texte" et que j`appelle "le monde de l`oeuvre"." Bref, le travail de traduction est un processus d`interpretation selon lequel apres avoir bien compris l`intention du texte, le traducteur se l`approprie pour l`exprimer dans sa propre langue. L`appropriation ne peut pourtant resoudre toute la problematique de la traduction, car on ne reussit jamais a effacer la difference fondamentale des langues, laquelle constitue le probleme le plus pernicieux en matiere de traduction. Conscient de "la difference indepassable du propre et de l`etranger", le traductuer doit donc s`accommoder de la distance qui separe l`esprit du discours original de l`esprit de sa replique traduite et accepter que cette distance ne peut etre jamais abolie. Cela veut dire que toute traduction a sa propre limite et que "meme si elle est une recreation magistrale, il lui manquera toujours necessairement une partie des resonances qui vibrent dans l`original." Le regime de la traduction est donc bien celui d`une "correspondance sans adequation", "equivalence sans adequation" ou "equivalence sans identite", pour employer les formules justes de Ricoeur qui representent bien la realite et la limite de la traduction. Traduire, c`est en effet "dire la meme chose autrement". C`est ce que fait le traducteur, sachant qu`il ne peut faire autrement. Admettant l`ecart entre l`adequation et l`equivalence, il se voit alors oblige de "renoncer a l`ideal de la traduction parfaite", ce que Ricoeur appelle "le travail du deuil", en empruntant le terme a Freud. Ce renoncement seul lui permettra de se lancer dans un "defi et bonheur de la traduction" et de s`adonner a "l`hospitalite langagiere ou le plaisir d`habiter la langue de l`autre est compense par le plaisir de recevoir chez soi, dans sa propre demeure d`accueil, la parole de l`etranger." Pour terminer, il n`est une traduction parfaite, tout comme il n`est une oeuvre parfaite. Ce qui compte, c`est de pratiquer le travail de traduction. Traduire, c`est avant tout un praxis.

[자료제공 : 네이버학술정보]
×