On trouve dans les Cahiers de Valery quelques notes traversees par le mot booddhisme. Notre poete parait prendre conscience de la vision bouddhique de la Vacuite, lorsqu`il dit dans Ebauche d`un Serpent que le monde phenomenal est une illusion. Cepentdant la pensee de la Vacuite dans l`univers poetique de Valery se rattache moins au neant qui appellerait l`aneantissement des phenomenes qu` a la Vacuite du juste milieu mise en relief par Nagarjuna. Nous avons analyse celle-ci notamment dans le poeme Le Rameur. Valery allie dans ce poeme l`image d`un rameur et celle d`un ascete. Le poete met, d`abord, en scene "le coeur dur" qui refuse le monde sensible et se distrait des beautes phenomenales. Ce refus n`aboutit pas, pourtant, au monde abstrait du neant. C`est un voyage de retour que le Valery-Rameur accomplit. Il rame vers la "source" qui n`est que l`expression symbolique de la Vacuite universelle qui est la seule realite authentique, dans laquelle toutes les choses se fondent perdant leur individualite. Il s`agit de l`aneantissement des distinctions non seulement entre les choses mais aussi entre la phenomene et l`esprit. Ce poeme est marque donc de la conversion du mouvement, de la lutte en fusion. On y trouve non seulement une vision totalisante de la poesie valeryenne mais aussi la metaphysique du bouddhisme. Le monde paradisiaque reve par Valery s`ebauche la. Il s`agit d`une utopie dans laquelle se fondent toutes les contradictions entre ciel et terre, entre corps et esprit, ainsi qu`entre etre et non-etre. Ce n`est pas sans rapport avec l`ultime modalite du paradis du bouddhisme, rattachee a la vision de l`au-dela, c`est-a-dire la `Terre pure`.