Perec comme lecteur devoue de Flaubert ne cache pas la grande influence que son maitre a eu sur lui. Ils partagent le meme desir de decrire le monde avec une passion impersonnelle. Ici nous mettons en lumiere Flaubert par Perec et reciproquement. Nous qualifions leur ecriture de ≪celle de la generation≫ et de ≪celle de la liste≫. Comme le dit Barthes, nous y decouvrons un exces de precision, une sorte d``exactitude maniaque du langage et une folie de la description. Ils ne cessent d`enumerer, de nommer, de compter et enfin de copier ce que leurs yeux saisissent. Ils ne peignent pas le monde mais le copient. D`ou vient une ≪langue pure≫ de Barthes. Les objets flaubertiens nous invitent a decrypter des connotations sociologiques ou psychologiques. Dans l`Education sentimentale, Flaubert consacre de belles pages a enumerer des objets quotidiens pour decrire son epoque. Il en va de meme des choses perecquiennes. Celles-ci fonctionnent comme un miroir qui reflete une generation comme le suggere le sous-titre de Les Choses, 《une histoire des annees soixante》. La description flaubertienne et le denombrement perecquien temoignent d`une ecriture eclatee. Bouvard et Pecuchet se lit comme le premier roman qui annonce l`eclatement du tout dans le monde romanesque: le temps, l`histoire, l`ordre, le personnage et le veridique. La vie mode d``empoi est aussi un ≪roman eclate≫. Une liste d`objets heteroclites dans Bouvard et Pecuchet qui se retrouve dans La vie mode d`emploi demontre l`antistructure de l`œuvre, son obscure et folle polygraphie. Le degre zero, ecriture ideale comme l`ultime reve de Flaubert est realise avec Perec.