Le lien qui unit Huysmans a Mathias Grunewald a la specificite d`etre non unilateral, mais reciproque. Chacun vivant son fin-de-siecle a sa maniere - fin du Moyen Age pour celui-ci et fin du 19e siecle pour celui-la, ils s`entre-exercent l`un sur l`autre de decisives influences en depit de l`espace de quatre siecles qui les separent. Si Huysmans a contribue a faire connaitre, sinon le premier, ce peintre de genie ignore, Grunewald lui a fourni une echappee lorsqu`il se trouvait au pied du mur sur le plan esthetique. Tenant compte de cette reciprocite, nous avons analyse deux textes de Huysmans consacres a Grunewald : le premier chapitre de La-bas(1891) et Les Grunewald du Musee de Colmar(1904). Notre travail consiste a considerer ces deux textes comme independants et a faire ressortir leur specificite en examinant leurs differences concernant le contexte ou ils sont ecrits et, egalement, les specificites formelles dont se revet chaque texte. Ce qui nous a permis de voir une difference significative s`agissant du role que chacun a joue dans la vie et l`art de Huysmans. Le premier texte demeure plutot dans le domaine esthetique, tandis que le deuxieme s`evolue vers le domaine spirituel et religieux. Fixe sur le Crucifie a l`origine, le regard huysmansien se dirige vers des personnages comme la Vierge blanche et un malade anonyme atteint d`ergotisme. Cependant, ≪ce passage du stade esthetique au stade religieux ≫ n`est pas forcement celui qui est parseme de ruptures. Au contraire, nous avons pu constater un element constant qui, malgre l`ecart de treize ans, apparait communement dans les deux textes. Ce qui nous semble le plus important, c`est la presence d`un critique d`art aguerri et sur de son jugement. Sans doute, ce critique-artiste serait celui qui est a l`origine de la force persuasive et de l`emotion suscitees par les textes huysmansiens sur Grunewald.