Chez Sartre l’œuvre d’art n’est pas consideree comme pleine et reelle positivite, ainsi que le demontre une remarque comme "l``oeuvre d``art est un irreel"; elle est traitee prealablement en tant qu``un ``analogon``, un representant analogique. Cette esthetique de l``irreel parait contredire l``esthetique de l``engagement qui contribue fortement a former l``image habituelle de Sartre. Notre etude a pour but de reveler, au lieu de confirmer la contradiction ou l``antagonisme entre ses deux attitudes sur l``art, une continuite et une osmose qui les englobent. Nous commencons par la theorie du monde imaginaire et la definition de la conscience imageante dans L``Imaginaire : pour qu``une conscience puisse imaginer, il faut qu``elle transcende le monde et le pose a distance. De la meme maniere, en regardant une oeuvre d``art, a partir de l``analogon, la conscience imageante l``irrealise en la transformant en imaginaire. Cette explication, qui rehabilite l``acte d``imaginer en insistant sur sa liberte et sa transcendance, manifeste un grand souci de l``experience esthetique tout en affaiblissant la place de l``oeuvre d``art. Si l``œuvre d``art vise a l``irreel, l``esthetique de l``engagement perdrait sa base, l``obligation fondamentale envers le reel. Afin de resoudre cette difficulte, Sartre appelle une ``mediation`` qui permet de lier deux dimensions. Au lieu de l``objet esthetique en tant que produit de l``irreel, il met en relief l``appel au public de la part du createur, par l``intermediaire de l``oeuvre. Ainsi l``oeuvre d``art devient un appel qui vise une recuperation du monde entier. Tout compte fait, dans l``esthetique sartrienne, l``irrealisation de la realite precede la realisation d``une oeuvre d``art, et ce passage dans l``irreel compose l``occasion primordiale pour la conjonction avec le reel, pour former un ``tout``.