Paulina 1880 de P.-J. Jouve raconte l`histoire d`un amour "dur et inflexible comme l`enfer", comme dit l`epigraphe du roman. Paulina souffre d`une dechirure entre le desir charnel et la culpabilite chretienne, d`un combat interieur qui conduit a une sorte de mysticisme erotique. Notre etude a pour but d`esquisser les caraterisques narratives, ou mieux, les strategies narratives qu`adopte ce roman pour peindre le drame tragique de l`heroine, et, par la, de mettre a jour l`abime ou se trouve l`ame dechiree de Paulina. Il s`agit alors d`une ecriture "poetique, verticale et isotopique", au-dela d`une ecriture prosalque, horizontale et lineaire. Dans le premier chapitre, intitule `la poetique de la marge`, nous avons analyse la mise en jeu du rapport de l`histoire racontant et de l`histoire racontee , il s`agit de la strategie narrartive de discontinuite, ou de discordance, qui fait que les evenements ou les faits se donnent disperses, parsemes dans le texte. De plus, ils s`evoquent, se rappellent les uns les autres d`une maniere ambigue et estompee, ce qui engendre l`ambiance vague et mystique du roman. Dans le deuxieme chapitre, nous avons analyse `la rhetorique de tension`, autour de la reticence et du silence du narrateur. On peut remarquer surout, sur le plan stylistique, des coupures entre des phrases, l`emploi frequent des interrogatifs et des adverbes de doute. Quand le narrateur ne dit pas pour dire plus, ce serait au lecteur de conferer une coherence, sinon un sens, au non-dit du texte. Les traits narrtifs caracteriques au ≪roman poetique≫ ou bien ≪roman-poeme ≫ jouvien se donnent, nous semble-t-il, d`une part comme `lieux` de transgression des principes generaux de la configuration narrative, et d`autre part comme `entrees` qui s`ouvrent au plus profond du texte. De la nalt un monde mystique ou l`instant et l`eternite se confondent en une harmonie qui vaporise ou aneantit le temps irreversible des etres humains. Il faut voir la une ecriture en creux, une rhetorique de l`indicible, qui laisse transparaltre en filigrane le surnaturel, le mystique. Le ≪roman-poeme≫ devient ainsi un recit d`epiphanie.