La traduction de la tragedie chinoise L’Orphelin de la Maison de Tchao de Joseph Henri de Premare a inspire plusieurs adaptations a differents ecrivains. En France, cette ceuvre presentait la particularite d``etre la premiere a traiter d``un theme extreme-oriental. Des differents textes auxquels elle a donne lieu, le plus remarquable, intitule L’Orphelin de la Chine (1755), est du a Voltaire. L``auteur voyait dans cette tragedie une excellente illustration du genie et de la rationalite qui conferaient aux Chinois une superiorite naturelle sur les Tartares a la force aveugle et brutale. Il a repris tres librement le texte d’origine en le situant a l``epoque glorieuse de Gengis Khan pour realiser une peinture des mceurs tartares et chinoises. Aux yeux de Voltaire, les recits les plus passionnants sont depourvus d``interet s``ils ne s``accompagnent pas de telles descriptions, dans lesquelles reside la plus grande difficulte de l’art, mais qui ne sont que vain divertissement si elles n``incitent pas a la vertu. Celle-ci est accessible aux “paiens” eux-memes, comme il le montre dans L’Orphelin de la Chine et provient ici des enseignements de Confucius, d``ou la formule “morale de Confucius en cinq actes” par laquelle l``auteur resume sa piece. Il faut rendre cette justice a Voltaire qu’il s’est efforce de voir plus loin que les problemes de sa societe pour aller a la rencontre de “l’autre”. En ce sens, nous pouvons estimer que cet ecrivain a entrouvert la possibilite d``un “orientalisme positif”.