Dans ce travail, nous rendons compte d’une ecriture de la representation chez Marguerite Duras. Cette ecriture, qui se lie a un mouvement interieur, fait surgir des images en contrepoint, disloquees, mais se rejoignant toujours en une unite de sens. La structure du livre, dont la composition cree de la continuite avec du fragmentaire, repose en effet sur un manque, une image absente, proposee comme une aporie, un impossible, et finalement a la source meme de l’oeuvre. Enfin, ce manque pose ainsi les conditions d’un ancrage du devenir et devient le moteur de la tension entre une vision poetique et une progression narrative, qui confere au texte sa nature reflexive, cette faculte de representer l’univers ou nous evoluons. Nous constatons que le descriptif chez Duras, loin d’entraver le recit, participe de sa marche narrative. En effet, les images qu’il engendre, qu’il s’agisse de traits ponctuels et espaces ou d’une succession de visions tendues et breves, concourent a creer un depaysement progressif et charrient des contrastes et des contradictions qui ne cessent de faire se rejoindre, dans une singuliere economie de mots et de moyens, des elements separes. Dans ce cadre, nous analysons le role des figures de substitution et d’analogie, et en particulier la metaphore, figure de mouvement et de deplacement, dans l’espacement descriptif, pour constater que la force des images cree des points de contact d’autant plus surprenants que l’ordre de la phrase vise a une rigoureuse simplicite, ou chaque mot prend et fait place. Guide par un imaginaire qui navigue au pres plutot que par louvoiements, le recit regarde et accueille ces images au present. A ce titre, la figure trouve sa resolution dans la reunion a travers une posture de separation ou d’ecart. En degageant un espace de representation du mouvement interieur, elle rend possible l’operation de fusion. entre imaginaire et reel, entre sujet et objet, entre l’autre et soi-meme. L’espace du texte est un espace en expansion. Ce n``est jamais le lieu d’un epanchement. C’est ce que nous trouvons dans la representation de l’espace, dans le descriptif, dans les figures chez Duras.