L`identite du corps feminin, du desir sexuel des femmes, est le grand ressort dramatique du cinema de Catherine Breillat. En introduisant les elements pornographiques dans le cinema d`auteur, < Romance > fait partie des films qui transgressent le code culturel patriarcal. Il accuse l`ideologie phallocentrique de reprimer la liberte des femmes a disposer de leur corps et de leur sexe comme elles l`entendent. Tourne par une realisatrice, ce film ne permet pas au regard du spectateur masculin d`obtenir un plaisir scopophilique en s`identifiant au regard des personnages masculins et a celui de la camera voyeuriste refletant traditionnellement un point de vue masculin. Dans < Romance >, le corps de Marie, au lieu d`etre reduite au role de l`objet du desir masculin, se positionne en tant que sujet desirant. Frustree sexuellement par Paul qui, craignant d`etre castre, refuse de lui faire l`amour, Marie commence a explorer l`empire des sens. Son corps inassouvi se jette eperdument dans la volupte en experimentant crument le desir sexuel aupres de deux hommes inconnus et de Robert, directeur d`une ecole privee. A la suite de rites sexuels dans lesquels Robert, esthete du bondage et pseudo-masochiste, initie Marie aux plaisirs sadomasochistes, son corps devient voluptueux et sensuel comme celui d`une putain. Au fur et a mesure que l`erotisme emanant de son corps pervers s`intensifie, Marie est de plus en plus obsedee par l`idee que son corps obscene et abject est coupe en deux. Dans < Romance >, le mode de representation du corps feminin surmonte la dichotomie entre le corps d`une femme pudique et celui d`une putain en ouvrant la possibilite pour le corps feminin de se metamorphoser dialectiquement en corps maternel purifie. Defiant les principes sous-jacents du cinema dominant, < Romance > bouleverse la mise en scene voyeuriste du corps feminin par l`invention d`un cinema fonde sur l`echange des regards loin d`une objectivation et fetichisation des femmes.