Le cinema bunuelien se caracterise par sa volonte subversive tant dans les themes sociaux que dans son langage cinematographique. Son cinema se fixe pour but d``ebranler les trois axes du pouvoir, c``est-a-dire la bourgeoisie, la religion et le pouvoir politique qui regissent une societe corrompue par des valeurs perimees. Meme si le sediment du surrealisme s``est considerablement dilue par rapport aux premiers films de Bunuel, ses derniers films n``en renversent pas moins les schemas etablis, les reperes du cinema, releguant ses creations dans une sphere inconnue. La singularite du cinema de Bunuel ne reside pas dans les performances techniques parce qu``il n``accorde pas beaucoup d``importance aux effets de style. Ses derniers films se detachent des normes du cinema dominant de son epoque. Dans son cinema le reve et la fantaisie qui reproduisent la vie envahissent l``ensemble du film de sorte que la frontiere entre reel et reve (ou fantaisie) commence a s``estomper. Ses derniers films refusent de se conformer au code du cinema classique en adoptant la narration non-lineaire et circulaire. Cette position esthetique non-conformiste reflete son etat d``esprit humoristique. Grand amateur du cinema burlesque, Bunuel utilise les diverses formes d``humour dans ses ultimes films pour diriger le regard du spectateur vers un univers sortant du cadre conventionnel. Les personnages bunueliens sont des etres essentiellement naifs qui semblent ne pas connaitre le moindre conflit interieur. Propulses par un desir jamais assouvi, ils s``acharnent en vain apres leur objet du desir. Ils evoluent dans un monde instable et imprevisible ou leur securite est continuellement menacee. Les derniers films de Bunuel nous invitent a apprehender differemment les composantes du quotidien. Bunuel parvient a transformer les objets ordinaires pour recreer un univers etrange et meconnu. Ses derniers films s``impregnent d``un pessimisme parce que malgre leur caractere subversif, ils ne nous ouvrent pas la voie vers un monde meilleur plein d``espoir.