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KCI 등재
어둡고 위험한 몽상의 비탈길 - 생트뵈브의 『조셉 들로름의 생애와 시와 사상』
La pente obscure et dangereuse de la reverie chez Sainte-Beuve : Vie, poesies et pensees de Joseph Delorme
김용민 ( Kim Yongmin )
DOI 10.18824/ELLF.108.01
UCI I410-ECN-0102-2018-800-000263520

Activite psychique, non controlee par la raison ou la volonte, la reverie est une construction de l`imagination qui cherche a echapper au reel. Cette activite qui touche au moi profond a fortement marque depuis Rousseau les productions litteraires, appelees la litterature romantique. Nous avons essaye d`aborder cette activite a travers Vie, poesies et pensees de Joseph Delorme, l`oeuvre poetique de Sainte-Beuve incontestablement la plus importante, la plus caracteristique et aussi la plus romantique, pour voir la place qu`elle y occupe, son fonctionnement et les significations qui lui sont donnees. Dans “la vie de Joseph Delorme”, il y a un petit episode de son enfance (mais au final qui depasse largement le petit episode) ou l`on voit son gout presque anormal pour la reverie : il ne s`interesse pas aux jeux de son age, s`isolant dans la foret, il y passe toute la journee a rever, assis “contre un arbre, les coudes sur les genoux et le front dans les mains, tout entier a ses pensers, a ses souvenirs, et aux innombrables voix interieures”. Cet episode, qui montre clairement une habitude precoce et incorrigible a la reverie, est tres significatif, voire emblematique de son destin : “deja en secret sa jeune imagination allumait la flamme qui devait lui etre si fatale un jour.” Ce n`est certainement pas un hasard que l`episode reapparait dans un poeme intitule “Enfant reveur”, ce qui fait penser a la methode critique de Sainte-Beuve, qui tenait a chercher les secrets d`une oeuvre dans la biographie de son auteur. Les poesies de Joseph temoigneront donc abondamment de son inclinaison et de son vagabondage reveurs. Ainsi, il exprime dans un “sonnet” sa preference du silence (qui est la premiere etape de la reverie) au “caquet si vain” des paysans. De meme, dans un autre poeme, on le voit tomber dans la reverie au cours d`un bal, qui est une ambiance absolument defavorable au repli sur soi, c`est-a-dire une circonstance qui ne satisfait en rien ce que Rousseau a releve comme les conditions necessaires de la reverie. “Les Rayons jaunes” est une piece qui a fait beaucoup de bruit depuis sa parution par son audace et son originalite. Elle est hautement revelatrice de l`ame reveuse du heros et du fonctionnement de son activite psychique relachee : il fait une sorte de voyage interieur au gre de sa reverie, guidee elle-meme par les rayons jaunes. L`analyse de ce poeme nous revele non seulement sa vie interieure en proie a la solitude douloureuse et a la hantise de la mort, mais aussi sa sensibilite presque dereglee qui, aidee de la reverie, parvient a faire se rapprocher ce qui n`est pas rapprochable. On peut sentir la l`ebauche d`une poetique que, plus tard, systematiquement developpera Baudelaire avec fecondite. Mais le poete des “Rayons jaunes” ne va pas plus loin dans ce sens. Contrairement a la reverie de Rousseau, ou meme de Senancour, celle de Delorme n`atteint jamais un etat de bonheur ou fusionnent le moi et le monde. Ce qui l`empeche de se livrer sans reserve a cette activite pour pouvoir gouter un meilleur bienfait, c`est-a-dire une sorte d`extase, c`est ce qu`il appelle la raison. Cette force devastatrice l`envahit violemment des la sortie du college et l`amene a subir une detresse ineffable et meme un malaise physique. Au bout de quelques annees, il finira par sortir de cet enfer pour revenir a la poesie et a l`art, bref a une forme de vie reveuse, mais son ame n`est plus ce qu`elle etait avant, sa reverie n`est plus une reverie triste et douce, mais innocente, comme elle l`etait dans son enfance. La raison, bien que retiree, a laisse chez lui une profonde empreinte ; elle ne peut pas d`ailleurs etre tout a fait morte. Des lors son ame deviendra un theatre ou sa raison et son inclinaison naturelle s`entredechireront, comme le montrent bien “Le soir de la jeunesse” et “Enfant reveur”. Celui-ci est particulierement tragique, dans la mesure ou il met en scene une reverie innocente devenue un cauchemar, ce qu`il appelle “se noyer la lanterne au cou”. De ce malheur du a un conflit interieur, Delorme ne guerit pas ; s`il ne se suicide pas, la mort lui parait inevitable. On ne peut pas ignorer qu`il est le double de Sainte-Beuve, son moi reveur. La mort de son heros peut donc signifier la condamnation de son propre moi sous l`emprise de la reverie et aussi d`un certain romantisme qui s`en nourrit massivement. Delorme est mort, Sainte-Beuve a survecu. En d`autres termes, il a choisi la raison au detriment de la reverie. Ce qui explique qu`il finira par abandonner definitivement la poesie pour se livrer entierement a la critique. Par la aussi s`expliquent ses jugements errones sur quelques grands romantiques : Stendhal, Balzac, Baudelaire. Il a apporte une note singuliere au romantisme ; il s`est fraye un sentier qui peut se prolonger et s`approfondir ; mais il s`est arrete en chemin. C`est la generation suivante qui reprendra et accomplira d`une certaine maniere ce qu`il a laisse a mi-chemin, c`est-a-dire une poetique de la reverie obscure.

Ⅰ. 들어가는 말
Ⅱ. 몽상적 기질 또는 몽상의 유혹
Ⅲ. "꿈꾸려네, 언제나 꿈꾸려네"
Ⅳ. "노란 빛"의 몽상
Ⅴ. 이성의 습격과 몽상적 삶의 위기
Ⅵ. 맺는 말
[자료제공 : 네이버학술정보]
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