Les lieux que Marguerite Duras evoque a plusieurs reprises dans son oeuvre sont etroitement lies a son enfance et a l`espace personnel ou elle s`installe pour ecrire ses romans. C`est malgre l`ecrivain que ces lieux surgissent au niveau de la creation artistique, comme un desir irrepressible de retransmettre le lieu en langage poetique. Il faut noter que l`inclusion de personnages se produit dans un lieu qui peut etre aussi bien materiel que mental. Chez Duras, les paysages, vues cadrees d`un lieu, melangent aussi volontiers des elements geographiques reels et des coordonnees fictives. L`espace topographique y est fonction de la situation des personnages. L`aspect exterieur porte ainsi temoignage de la situation interieure. Le paysage est donc a la fois un element objectif et un miroir metaphorique de l`interieur. C`est la un aspect classique de la fonction du paysage que de refleter, par ses incessantes metamorphoses, les etats d`ame, les mouvements interieurs de l`etre. Etant composante referentielle et cadre de representation dans le texte, le paysage joue comme lieu d`observation d`ou prendre du champ, saisir l`etendue, la perspective, en un regard. On reconnait par ailleurs, dans cette categorie de lieu, le gout de l`auteur pour ces paysages maritimes, qui se pretent aux images de fusion, de reunion. L`inscription des lieux textuels dans l`espace urbain est etroitement reliee a l`organisation de la communaute humaine et donc a l`ideologie. Les lieux urbains de Duras sont des elements participant d`un vaste reseau qui est celui de l`imaginaire textuel. Comme le texte, le tissu urbain est balise par un ensemble de signes. Dans l`ensemble de l`oeuvre de Duras, la ville, comme lieu de potentialites narratives, reste peripherique. En revanche, la peripherie de la ville investit de preference l`espace textuel par ses marges, ses banlieues, son envers nocturne. Par ailleurs, il y a probablement des similitudes entre l`idee de peripherie associee a la banlieue et la concession indochinoise de l`enfance.