Le présent article a pour but de comparer les descriptions grammaticales du Journal de la langue française(1784-1788) de Urbain-François Domergue, consacré aux commentaires grammaticaux à la fin du 18e siècle, avec celles des ouvrages de grammaire contemporaine et de tirer des leçons pour les enseignants de français. Afin de déceler les changements de langue et de comparer les justifications des grammairiens du 18e siècle et celles des linguistes d'aujourd'hui, nous avons choisi 14 structures grammaticales dans ce journal, qui seront confrontées à celles de trois ouvrages de grammaire contemporains, dont la Grammaire méthodique du français de Riegel et al..
Cette étude révèle que la vision de la grammaire chez Domergue est rétrospective, dans le sens qu'il s'appuie souvent sur la grammaire latine en tant que base de son analyse syntaxique, c'est-à-dire sur les états antérieurs de la structure grammaticale donnée, entre autres, les structures sous-jacentes. Il est aussi héritier de Vaugelas, qui a le souci de la clarté et de la netteté de la grammaire française. Il essaie surtout d'élaborer une nouvelle théorie de la syntaxe. Pourtant, en réduisant les éléments d'une phrase au nombre limité de parties du discours tels que ‘le substantif’, ‘l'attribut’ et occasionnellement, ‘le complément’, il n'a pas réussi à établir une théorie plus logique que ses contemporains.
A la différence de Domergue, les linguistes d'aujourd'hui recourent plus à la notion du degré de l'acceptabilité en dehors de la grammaticalité, et se montre plus souple dans l'adapation de la grammaire du français. Cependant, aujourd'hui, on ne trouve pas de différences significatives entre la grammaticalité de Domergue et celle des linguistes d'aujourd'hui excepté dans la construction ‘avoir l'air + adjectif’, le nom féminin d'auteur et la construction du superlatif avec l'adjectif. Malgré les différences dans la justification des points grammaticaux dans le JLF et dans GMF, on constate que la grammaticalité perdure au cours des siècles.
Ainsi, afin de mieux concevoir un cours de langue, essentiellement un cours de grammaire, cette étude suggère que les enseignants de langue doivent bien comprendre la nature des règles grammaticales et ‘la grammaire scolaire’ adaptée pour leurs élèves. Compte tenu de ces théories, les enseignants doivent être souples dans l'adaptation de leurs explications des règles grammaticales selon les besoins et le niveau des apprenants. Finalement, les enseignants doivent faire des efforts pour choisir de bons exemples illustrant chaque règle grammaticale et choisir une métalangue appropriée aux apprenants. D'ailleurs, les enseignants peuvent offrir un cours de grammaire qui accorde une attention spéciale sur la différence entre l'oral et l'écrit, qui constitue une des difficultés de la grammaire du français.