Notre étude consiste à retracer l'intérêt que portaient sur le Moyen Âge les écrivains du début du XIXe siècle, en particulier à travers les réflexions de François-René de Chateaubriand. Celles-ci ne sont point éloignées de celles de ses contemporains quelque soit leur appartenance idéologique: Chateaubriand croise sans cesse la pensée de ses contemporains, comme Bonald, Maistre ou encore madame de Staël à propos du monde médiéval. Mais tout comme chacun d'eux, Chateaubriand aussi “fabrique” à sa façon son monde médiéval, du Génie du Christianisme aux Aventures du dernier Abencérage.
L'approche au Moyen Âge en tant que poète cède progressivement aux travaux d'historien. Dès les Martyrs, notre écrivain ambitionne une étude plus sérieuse sur le Moyen Âge, en tant qu'origine de l'histoire de la France, commencement de la civilisation nationale pour y déceler un système de l'évolution historique. Ses recherches et ses efforts ne porteront cependant pas les fruits; son ouvrage préparé depuis longues années ne paraîtra que comme des ruines, à travers lequel nous pouvons à peine apercevoir l'intelligence de l'auteur d'avoir voulu aborder ces siècles de ténèbres. Tous ces effrots rendus au néant ou presque font en fait partie des recherches ‘scientifiques’ lancées à cette époque, qui avançaient lentement mais sûrement. La contribution de Chateaubriand à l'évolution des études scientiques sur le Moyen Âge n'est pas considérable, mais il était bien là pour apporter un éclairage sur ces siècles restés à l'ombre. Et l'image du Moyen Âge revêtira une puissance sous sa plume comme “puissant chaos dont les flancs portaient un nouvel univers”.